Saint-Jean le Thomas Eglise Saint-Jean Baptiste _________ Arrondissement d' Avranches, canton de Sartilly. Pour rejoindre Saint-Jean le Thomas, à partir de Granville suivre la 911, route de la côte ou la D 61 à partir de Sartilly. Ou d'Avranches, la même D 911 direction Vains/Genêts. Une chose est sûre, chaque itinéraire a du cachet et permet de découvrir diverses facettes du paysage de la Baie du Mont Saint-Michel. Le bourg est situé au croisement de deux chemins de pélerinage, les chemins "montois" que sillonnaient les pélerins du Moyen-Age. L'un arrivait de Granville par la côte (en vert) , l'autre de Coutances (en rouge) et traversait la campagne via Saint-Pierre Langers ou Hudimesnil. L'église de Saint-Jean le Thomas était donc une église de pélerinage. J'ai eu le rare plaisir de visiter cette église avec Marie Lebert et cet article fera de larges emprunts à son travail. L' église romane de Saint-Jean le Thomas ( page des églises romanes de la Manche), autrefois Saint-Jean au Bout de la Mer, s'accroche sur la colline qui domine la Baie. Un rapide coup d'œil à l'inesthétique clocher à ballustrade du XIXème qui flanque au Sud la partie orientale de la nef pourrait nous détourner de belles émotions architecturales. Car elle fait partie des rares églises de la Manche dans laquelle on peut observer des élements pré-romans. Il faut donc savoir s'y s'arrêter et accéder au petit cimetière qui enchasse l'édifice. Une grande croix de granit (1), aux fût et croisillon octogonaux posé sur un dé carré à triple emmarchement domine les tombes, dont certaines assez monumentales et curieuses, marquant l'égo de ceux qui les ont fait ériger. Plus récente que l'édifice roman, elle ne doit pas dépasser malgré tout le XVIIème. Derrière l'église au Nord, un linteau du presbytère (2) sous une croix maltaise gravée dans un cercle se lit la date de 1713. L'édifice présente un vaisseau rectangulaire, avec nef des XI et XIIèmes siècles et un chœur à chevet plat présentant des éléments du Xème. Sur le mur occidental (3) on voit un glacis avec contrefort plat en arrière duquel s'élève le mur-pignon. Trois baies romanes le percent. La plus élevée à été obstruée en 1973 et les deux baies inférieures ont été dégagées. On pénètre dans l'édifice par une porte romane (4) précédée d'un porche placé à l'Ouest ( courant dans les églises de la Baie et de la côte). On y voit trois baies romanes à linteau monolithe. La grande baie en plein cintre est postérieure. Sous une des petites baies, on remarque ce qui reste d'un portail ancien avec un linteau en bâtière (5) que Focillon (cf bibliographie) note comme une survivance indigène. Le tympan est décoré de pierres losangées formant un appareil réticulé, attestant de l'ancienneté de ce portail. Le chœur pré-roman, montre des murs faits d'un appareil réguliers de petits cubes de granit pris dans un mortiers épais (6). Avec dans sa partie occidentale du mur une reprise en opus spicatum (7). Au Nord, on voit des baies romanes à claveaux de briques entourant une baie trilobée (8). L'ensemble présente des similitudes (9) avec l'église primitive du Mont Saint-Michel, Notre-Dame sous terre construite par les premiers occupant après 966. Malgré tout, relevons une incongruïté : sur le mur pré-roman méridional, une plaque de granit gris aux tapageuses lettres dorées rend hommage à Jean-Claude Pascal, artiste qui fréquentait la bourgade. On se demande pourquoi l'harmonie ancienne et régulière de ce mur a été brisée par une pierre qui aurait pu aisément trouver place en un autre endroit... Pénétrons dans l'église. Une voute en berceau surbaissé enduit de plâtre couvre la nef (10). La voute en bois du chœur date des années 70. A droite une grande cavité qui correspond au portail obstrué montre le combat de deux hommes. Sur les murs Sud, on peut y admirer des fresques (11) qui étaient longtemps interprêtées comme : -La lutte de l'Ange avec Jacob, l'affrontement de Saint-Michel et du Dragon, l'offrande du pain et de la coupe par Meldichisedech. Or, Marie-Pasquines Subes qui avance la représentation du cycle de Caïn et Abel courant dans la période romane. A savoir : -L'affrontement des deux frères, les offrandes à Dieu des deux frères et le meurtre d'Abel par Caïn avec une pelle (12). Cette hypothèse se retrouve de l'autre côté de la Baie, dans une exposition qui se tient dans l'église romane du Mont-Dol (à découvrir), aux fresques encore plus nombreuses. Ces scènes sont surmontées de frises de rinceaux terminés par des feuillages (13). Les fonts sont rectangulaires et à double cuve (14), chose courante mais particulière à l'Avranchin. Une plaque funéraire (15) dédiée à François Agasse, curé des lieux, mort en 1683, est scellée dans le chœur. __________ Crédit photos Alain Dermigny (n° 8, 11, 12 & 13) _________ Personnages remarquables : Guillaume Longue-Epée, duc de Normandie qui donna le village à l'abbaye du Mt St-Michel Robert 1er qui y ajouta Dragey, bois et terres. Guillaume de Saint-Jean, seigneur du lieu, second fondateur de l'abbaye de la Lucerne, donna à celles-ci, l'église et ses dépendances ainsi que propriétés aux alentours et en Angleterre. __________ Bibliographie : Henri Focillon, le Moyen-Age roman, Livre de Poche Plaquette de Louis Malle sur les fresques et la théorie d'Abel et Caïn __________ Sur le Web : Saint-Jean le Thomas (Marie Lebert) Eglise de Saint-Jean le Thomas (site de la municipalité) Généalogie et histoires en pays Dolois ( les fresques) Eglise Saint-Pierre du Mont-Dol __________ Photos et dessins © Claude Rayon www.eglisesdelamanche.com Tous droits réservés. 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