Les vivants et les morts : les cimetières autrefois __________ Il est, hormis dans les petits bourgs, de plus en plus difficile d'admirer une église dans son cimetière, telle que nos ancètres pouvaient le faire. Depuis le début du XXème siècle, dans les villes moyennes et grandes, une certaine modernité est passée par-là. Le culte de la voiture a remplace celui des morts et les parkings ont poussé les tombes hors de la ville. Les sépultures anciennes aux gravures constellées de lichens ont fait place à des parkings et des bacs à fleurs à l'esthétique souvent contestable. Si bien que, parfois, les municipalités successives conscientes des dommages causés, s'efforcent d'y remédier à grand coups d'opérations urbaines dispendieuses, qui tentent de relooker un ensemble qui aurait pu garder, si on n'y avait pas touché, sa beauté originelle. Certaines fois, on a supprimé les cimetières au nom de l'hygiène, prétendant que la proximité des morts et des vivants était nuisible à ces derniers. Il n'en a pas toujours été ainsi. Loin de là, même. Et quand on a la chance d'arpenter le petit cimetière de l'église rurale que l'on vient de visiter, on a du mal à imaginer les transformations successives qu'il a subit au cours des siècles et son imbrication étroite dans la vie sociale du village. Repartons de l'an 1100. L'église primitive se dressait seule, avec sa croix, dans son champ ou sur sa butte, non loin des quelques chaumières. Des tertres herbeux marquaient l'emplacement des tombes des plus pauvres. Car, dans les temps anciens, on inhumait dans la nef. Surtout les prêtres et les personnages importants qui tenaient à ce lieu de sépulture. D'ailleurs, cela était si courant que le sol en était parfois tout bosselé au point qu'on pouvait s'y tordre les pieds. Dehors, l'herbe poussait dru. On la coupait et elle était vendue au profit de la paroisse. Comme les pommes qu'on récoltait ( à partir du XIVème, époque de généralisation de la culture du pommier) sur les sépultures fraichement creusées. Cela ne posait de problème à personne. D'ailleurs, le cimetière était un lieu ouvert à tous, hommes ou bêtes. La mort, en ces temps difficiles, faisait partie, en quelque sorte de la vie. Ce qui n'empêchait, ni chagrin, ni respect. Bien au contraire! Mais pestiférés et malades contagieux n'étaient pas enterrés avec les autres paroissiens. Pas plus que ceux qui n'étaient pas chrétiens ou qui étaient excommuniés. La mort n'était pas égale pour tous. En 1776, on cessa, d'enterrer dans les églises et on organisa les cimetières. A la Révolution, ils devinrent communaux. Ils furent clos, des tombes et stèles se dressèrent, des allées furent tracées. La civilisation passait aussi ici! C'est l'époque des cimetières tels qu'on les connait. Ou ce qu'il en reste, car, au nom d'une certaine rentabilité ou exploitation rationnel de ces espaces convoités en centre-ville, on détruit de vieilles tombes, sans souvent penser que ces lieux sont lieux d'Histoire et source de richesses pour chercheurs et historiens. C'est pour cette raison qu'il est plus que temps de se préoccuper de ses endroits particuliers et utiles à la mémoire populaire pour les sauvegarder. __________ Bibliographie : Croix de nos villages, Jacqueline Laisné, Jean-Pierre Lucas __________ Sur le Web : Sauvegarde du patrimoine funéraire du
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